« Le projet de fusion de l’Odéadom avec FrancAgrimer suscite des inquiétudes dans le monde agricole ultramarin qui craint de se retrouver noyé. En outre, la France doit intégrer les outre-mer dans son approche des conséquences du Brexit. Voilà deux enjeux pour l’agriculture ultramarine à suivre avec la plus grande vigilance!

Commission des affaires économiques du jeudi 12/11/2019

Question au ministre de l’agriculture

M. Michel Magras. – Monsieur le ministre, je n’interviens pas en tant que sénateur de Saint-Barthélemy. Saint-Barthélemy ne cultive en effet pas grand-chose, si ce n’est quelques touristes… J’interviens en tant que président de la délégation aux outre-mer.

 

Je souhaite tout d’abord attirer votre attention sur le fait que les conséquences du Brexit ne doivent pas être examinées uniquement sur le plan des relations entre la France continentale et la Grande-Bretagne. Il existe dans la zone atlantique de très nombreuses petites îles qui sont actuellement des pays et territoires d’outre-mer et qui partagent du fait de ce statut la zone économique exclusive (ZEE) avec les îles des Caraïbes. Or cette zone a fait l’objet de nombreux conflits par le passé, qui pourraient resurgir très rapidement. Je pense notamment au conflit entre la Guadeloupe et Antigua. Il ne faut pas oublier cette problématique.

 

Je voudrais par ailleurs vous interroger sur l’Office de développement de l’économie agricole d’outre-mer (Odéadom). Cette structure mène un travail absolument colossal en matière d’agriculture dans les outre-mer, qui donne des résultats extraordinaires.
Si vous n’entendez pas parler fréquemment de problèmes agricoles dans ces territoires, c’est précisément grâce à ce travail. Cette structure n’emploie que 39 agents.

Or le Gouvernement a exprimé la volonté de fusionner les structures comptant moins de cent employés. Je peux comprendre cette intention et ne la discute pas. En revanche, intégrer l’Odéadom à FranceAgriMer a de quoi soulever des inquiétudes, compte tenu du grand nombre de questions que ce dernier organisme a à traiter. D’autant que cette fusion aurait pour conséquence une baisse du budget alloué à cette structure.

Ce budget, qui est actuellement de 5 millions d’euros, se verrait réduit de 16 % du fait de la fusion, soit 800 000 euros. Cette perspective inquiète à la fois les agents de l’Odéadom et les agriculteurs ultramarins. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette question ?

 

 

Réponse du ministre de l’agriculture, Didier Guillaume

Monsieur Magras, vous avez raison sur le Brexit, et je vais demander une analyse du problème que vous évoquez.

J’ai reçu de nombreux présidents de chambres d’agriculture qui critiquent l’Odéadom, mais, à chaque fois que j’ai voulu réformer cet organisme, on m’a dit qu’il ne fallait pas le faire ! L’objectif n’est pas de mettre à mal l’agriculture outre-mer ni de réduire les aides. Je souhaite, en revanche, que les chambres d’agriculture et les professionnels gèrent eux-mêmes les aides et aient plus de pouvoirs. L’Odéadom est un bel instrument. Le Président de la République entend examiner la situation de tous les organismes de moins de 100 salariés. Une quarantaine de salariés dans un immeuble à Montreuil, est-ce pertinent pour gérer les aides à l’outre-mer ? Nous voulons que les présidents de chambres de l’agriculture soient les principaux responsables des programmes agricoles outre-mer, européens comme nationaux, au sein d’un conseil spécialisé de FranceAgriMer. Rien n’est encore arrêté. Nous lançons la discussion.