BIODIVERSITÉS DU BASSIN ATLANTIQUE : UN GRADIENT LATITUDINAL SOURCE D’UNE RICHESSE EXCEPTIONNELLE MAIS VULNÉRABLE

Jeudi 6 juin 2019 – 14h30 – Sénat

Propos d’ouverture de M. Michel Magras, président de la Délégation sénatoriale aux outre-mer

Mesdames, Messieurs les parlementaires et les élus,

Monsieur le Directeur général adjoint de l’Agence française pour la Biodiversité,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

 

Je suis heureux de vous recevoir en mon nom propre et au nom de mes collègues de la délégation sénatoriale aux outre-mer pour cette deuxième étape du cycle de conférence triennal consacré à la biodiversité ultramarine qui nous conduira cette fois dans le bassin Atlantique.

 

Certains d’entre vous, qui étaient déjà présents le 31 mai 2018 et que je reconnais, le savent, ce colloque s’inscrit dans le cadre d’un cycle de conférences dont l’idée a germé à la suite de deux tables rondes passionnantes organisées par notre Délégation dans le prolongement de l’Accord de Paris sur le climat.

 

Avec ces rendez-vous, notre ambition est de mettre en valeur les patrimoines naturels des trois grands bassins océaniques tour à tour, à travers leurs richesses et leurs spécificités mais également de pointer les sujets d’inquiétude.

 

Avec son sous-titre, « un gradient longitudinal source d’une richesse exceptionnelle mais vulnérable », le présent colloque entend brandir tel un étendard l’immensité de la diversité biologique du bassin Atlantique pour lui assurer une meilleure visibilité et la valoriser surtout à un moment où l’urgence climatique et écologique est déclarée. Ce sera tout le propos des trois tables rondes thématiques qui vont se dérouler au cours de cet après-midi d’échanges. Faire mieux connaître les atouts et les faiblesses de notre patrimoine naturel, telle est bien notre ambition.

 

Nous nous réunissons en effet quelques semaines après que le G7 de l’environnement s’est tenu à Metz et au lendemain de la journée mondiale de l’environnement dont l’un des objectifs est de faire prendre conscience que la protection et amélioration de l’environnement sont une nécessité majeure.

 

Ainsi, alors qu’il est traditionnel de considérer que 80% de la biodiversité française est située outre-mer, nous aborderons cet après-midi au cours de trois table-rondes les enjeux, défis et perspectives des collectivités du bassin Atlantique.

De fait, 90% du territoire guyanais est couvert de forêt primaire. Avec l’Amazonie, la Guyane – environ de la taille du Portugal – est le territoire européen le plus vert et à ce titre à la fois trésor national et poumon de la planète tout entière, sa biodiversité foisonnante étant d’une richesse inégalée.

 

Si les sargasses qui marquent l’actualité écologique des îles de la Caraïbe, Guadeloupe, Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin constituent une conséquence visible des changements climatiques, elles ne doivent en rien occulter la richesse de leurs biodiversités aussi bien terrestre que maritime.

 

Ce n’est pas au hasard que la Martinique doit son surnom « d’îles aux belles fleurs » qui traduit la diversité de son patrimoine floristique qui saute aux yeux ! Le nombre d’espèces endémiques – plus de 1300 espèces sont autochtones – et remarquables et les menaces auxquelles elles sont exposées, la placent comme les autres îles de la Caraïbe sur la liste des points chauds de biodiversité.

 

Les îles composant l’archipel guadeloupéen contribuent à cette extraordinaire variété écologique qu’elle connaît afin de lui offrir un des taux de biodiversité les plus importants au monde.

A 250 km, on retrouve Saint-Barthélemy qui, malgré son aridité, dispose d’une flore endémique exceptionnelle et des espèces rares et pour certaines exclusives à l’île.

 

Saint-Martin quant à elle, tire sa biodiversité de la mer et, sur terre, de la coexistence d’une végétation aride et d’une autre plus luxuriante sur la même île abritant des espèces rares également.

 

Et enfin à l’extrémité nord, Saint-Pierre-et-Miquelon, très connue pour ses eaux et leur abondance poissonneuse, fait face au défi de leur préservation dans une optique durable.

 

Ainsi, sur un gradient qui s’étend du sud au nord de l’Atlantique, ces terres ultramarines ont en commun d’abriter un patrimoine écologique d’une dimension rare qui peut sans aucun doute nous faire dire que l’outre-mer concentre l’ensemble des problématiques liées à l’environnement et qu’à ce titre elles sont des laboratoires, terres d’expérimentations et de réalisations.

 

La variété du programme et des communications qui va nous être proposée cet après-midi en est le reflet. Les questions autour du développement des connaissances, des actions de protection et de la coopération régionale articuleront nos trois tables rondes successives. Les modérateurs, chacun étant des spécialistes dans son domaine respectif, auront la lourde mais exaltante tâche de faciliter les échanges autour des spécialistes de terrain, venus pour montrer que nos outremer, sont à l’avant-garde comme dans bien d’autres domaines. Nous les en félicitons par avance.

 

Ce colloque est aussi un hommage à toutes ces instances de recherche – AFB, CNRS, IRD, ONF, MNHN, etc. – et organismes publics ou privés – communes, conseils départementaux, conseils régionaux, parcs naturels, fondations, associations de protection…- qui forment ce réseau multimodal et prolifique pour l’étude, la défense et la valorisation des biodiversités terrestres et marines. Derrière chaque sigle, je vois des hommes et des femmes armés souvent de leurs ordinateurs, de leurs microscopes ou de leurs appareils plus sophistiqués et surtout de leur volonté, pour tenter de déjouer les pronostics les plus alarmistes.

 

Il y a tout juste un mois, le 6 mai dernier, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) s’est réunie au siège de l’UNESCO à Paris. Cette instance qualifiée de « GIEC de la biodiversité » a rendu un document très alarmiste destiné aux instances politiques sur l’état de la biodiversité dans le monde.

 

Surtout, pour organiser cette manifestation au cours de laquelle une vingtaine d’intervenants se succèderont, nous avons œuvré comme l’an passé en partenariat avec l’Agence française pour la Biodiversité, dont de nombreux représentants sont présents dans la salle. Je sais que beaucoup d’évènements ont lieu en ce moment même, notamment à Saint-Martin, et que nous avons reçus de nombreux messages de ceux qui en raison d’un agenda environnemental très chargé n’ont pas pu se joindre à nous. Pour autant, nul doute que la prise conscience autour de la biodiversité ultramarine est croissante et notre Délégation se fait un devoir d’y apporter sa contribution.

 

Je remercie tout particulièrement le Directeur général adjoint de l’Agence Française pour la Biodiversité, Paul Michelet, ainsi que Jean-Jacques Pourteau, son Délégué aux outre-mer. Pierre Dubreuil, Directeur général actuellement en charge de la préfiguration du futur établissement issu de la fusion entre Office national de la chasse et de la faune sauvage et l’AFB n’a pas pu se soustraire à un déplacement ministériel et je tiens donc à l’excuser.

 

Je saisis l’opportunité qui m’est offerte pour rappeler combien l’AFB, par ses missions d’impulsion, d’accompagnement et de coordination, joue un rôle pivot dans la connaissance et la valorisation de la biodiversité ultramarine.

 

Notre Délégation se félicite donc de la collaboration fructueuse qui jusqu’à présent nous a permis de mettre à l’honneur les biodiversités ultramarines et espère que, dans le cadre de la réforme annoncée, elle pourra compter sur la continuation de ce partenariat et de l’implication de la nouvelle structure car nous sommes déterminés à poursuivre ce travail de fond, tant il est vrai que les biodiversités et les outre-mer sont intimement liés.

 

Je cède à présent la parole à Paul Michelet, qui prendra la parole au nom de Pierre Dubreuil afin qu’il puisse nous parler de l’engagement de l’AFB pour les biodiversités de nos outre-mer.

 

 

Michel Magras
Sénateur de Saint-Barthélemy
Président de la Délégation sénatoriale aux outre-mer

« J’ai accueilli cet hommage avec une émotion et une surprise non dissimulées.
Je remercie le président de la collectivité de Saint-Barthélemy et Micheline Jacques qui a bien voulu s’en faire l’écho et le relai de cette attention qui m’honore. » 

Intervention de Micheline Jacques, vice-présidente de la collectivité de Saint-Barthélemy rendant hommage à Michel Magras, sénateur de Saint-Barthélemy, lors du colloque Biodiversité du bassin atlantique

VOD

Colloque « Biodiversité du bassin atlantique »