La délégation sénatoriale outre-mer présidée par Michel Magras, sénateur de Saint-Barthélemy, a réalisé un rapport d’information sur les «Risques naturels majeurs / Urgence déclarée outre-mer»* à la suite du passage d’Irma. Elle y aborde la problématique des moyens mis en place pour prévenir les populations, précisément le système d’alerte et d’information des populations (SAIP) ou le dispositif des sirènes et d’alerte via les téléphones mobiles.

Le SAIP est «très lacunaire outre-mer» pour une raison initialement historique. En effet, il a été mis en place pour remplacer le RNA, le réseau d’alerte de l’Etat qui avait été implanté en métropole pour faire face aux attaques aériennes pendant la guerre. Les territoires ultramarins n’en ont pas bénéficié car ils n’étaient pas concernés. Et lors de la modernisation du système des sirènes, aucune n’a été implantée en supplément en outre-mer.

La délégation sénatoriale note toutefois que quelques sirènes ont été installées à l’initiative de responsables locaux. Cinq sirènes ont été recensées en Guadeloupe, trente et une en Guyane, trois à la Réunion, vingt-cinq en Martinique contre 10 306 en métropole.

«Une étude avait été commandée pour étudier l’adaptation du SAIP dans les outre-mer», indiquent les sénateurs mais aucune suite n’a été donnée. «Un des obstacles relevés était notamment l’absence du réseau d’infrastructure nationale partageable des transmissions, système radio permettant le déclenchement», expliquent-ils. Malgré des solutions proposées, «les outre-mer n’ont pas bénéficié du déploiement des sirènes nouvelles générations prévu au départ à compter de 2016». Selon les informations fournies par le ministère de l’Intérieur, «les difficultés techniques rencontrées par le développeur du système central de déclenchement des sirènes et les contraintes budgétaires auraient généré un retard important», les crédits alloués au projet ont été divisés par deux.

Le déploiement de sirènes aux Antilles – «territoires les plus tsunamigènes à l’échelle nationale» et où «l’enjeu principal se situe»– représenterait un coût inférieur à un million d’euros, rapporte la délégation sénatoriale. Le ministère des Outre-mer lui a indiqué qu’il était prévu d’installer aux Antilles une quinzaine de sirènes dès 2019. L’investissement est estimé à 800 000 euros. «Des expertises sont en cours avec la direction des systèmes d’information et de communication du ministère de l’Intérieur et le développeur Airbus pour établir les modalités de raccordement», précisent les rapporteurs. Les lieux d’installation ne sont en revanche pas mentionnés.

Enfin, le deuxième volet d’alerte du SAIP via les téléphones mobiles a été abandonné par l’Etat au niveau national «à l’issue d’une phase d’études et d’analyse et de négociations avec les opérateurs».

* Guillaume Arnell est rapporteur coordonateur, Mathieu Darnaud rapporteur et Victoire Jasmin rapporteure

 

Article du Soualigapost du 24/10/2018 / estelle gasnet