Inauguration de la nouvelle formation de niveau Bac +5 « MPI Coopération Internationale des outre-mer et environnement » parrainée par Michel Magras, mardi 3 juillet 2018 au Sénat 

Mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, chers collègues,

Monsieur l’ambassadeur, madame la conseillère territoriale,

Mesdames, messieurs, chers amis,

Monsieur le président Roger Serre,

 

Je suis heureux de vous recevoir en cette salle René Coty pour le lancement de ce qui constituera dès la prochaine rentrée universitaire la seule formation de l’enseignement supérieur dédiée à l’ensemble des outre-mer français.

 

De fait, en ouvrant cette formation de niveau bac +5 « coopération internationale des outre-mer et environnement », vous corrigez ce qui constituait jusqu’alors une anomalie et je vous en remercie.

 

Je vous en sais d’autant plus gré que je suis persuadé que l’outre-mer renferme de nombreux sujets susceptibles de faire l’objet de recherche et d’enrichir la réflexion de l’enseignement supérieur et également, universitaire.

 

Ainsi vous donnez du contenu à une expression jusque-là un peu incantatoire, l’outre-mer, « une chance pour la France ». Et j’ose dire, qu’en ouvrant l’enseignement supérieur et l’université aux outre-mer, au fond, c’est la France qui s’ouvre à elle-même…

 

L’outre-mer, c’est l’ouverture sur le monde, la « France monde » et l’ILERI l’a bien compris. Il faut dire également qu’ayant été présidée par Raymond Barre, né à La Réunion, comme chacun le sait, l’ILERI avait une certaine prédisposition ultramarine, la continuité étant d’ailleurs assurée aujourd’hui par la présence de Mme Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre de l’Intérieur et des Outre-mer au conseil stratégique et prospectif !

 

Ainsi, par exemple, au moment où s’entament les débats sur la révision constitutionnelle et en particulier sur la différenciation territoriale, la réflexion parlementaire gagnerait à voir dans ces collectivités le laboratoire institutionnel de notre République.

 

Tout autant, le risque écologique, les risques climatiques, la nécessité de repenser la valorisation, la préservation de la biodiversité placent nos outre-mer au cœur des enjeux mondiaux et à l’avant-garde des possibilités d’innovation dans ces domaines. En témoignent les retours d’expériences des participants au colloque sur la valorisation de la biodiversité du Pacifique ou encore les travaux en vue du rapport sur les risques naturels majeurs conduit par la délégation sénatoriale aux outre-mer que j’ai l’honneur de présider.

 

Il est donc urgent d’envisager nos outre-mer selon une approche dynamique en les replaçant dans leurs environnements régionaux respectifs et en les y situant. Le développement, leur développement, passe par l’ouverture au monde et sur le monde, et je ne peux que me réjouir que cette approche préside à la formation qui nous sera présentée.

 

De par leur implantation géographique, les outre-mer sont les points d’ancrage de la France sur l’ensemble de la planète lui conférant une dimension géopolitique particulière qui aurait dû justifier qu’elle s’appuie sur ces territoires pour assurer son rayonnement culturel, politique et économique.

 

Or, la lucidité commande d’une part, de reconnaître que l’on ne développe pas – ou mal – un territoire que l’on ne connaît pas et pour lequel des décisions sont prises parfois voire souvent en méconnaissance des réalités. « Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités » disait le général de Gaulle. Il faut certes mettre en œuvre des politiques contextualisées mais aussi des formations contextualisées.

 

Être lucide, c’est aussi prendre conscience qu’on ne n’appuie pas davantage son rayonnement sur des territoires affaiblis.

 

C’est pour pallier cette absence de l’outre-mer dans l’enseignement supérieur et l’université que j’ai été l’auteur d’un amendement devenu l’article 51 de la loi de programmation relative à l’égalité réelle outre-mer visant à encourager la création d’une chaire d’excellence dédiée.

 

Avec cette ouverture à l’ensemble des outre-mer, vous adoptez une démarche pionnière. Elle constitue sans nul doute l’affirmation d’un nouveau regard sur ces territoires, qui souvent se connaissent mal entre eux et eux-mêmes faute de figurer aux programmes des cursus de l’enseignement supérieur et de l’université.

 

En allant sur le site de l’Institut on trouve cette citation d’Antoine Sfeir, président de l’ILERI qui n’a malheureusement pas pu être des nôtres ce soir : « Nos étudiants veulent comprendre le monde pour s’engager et le changer ». Je ne doute pas que ceux qui se formeront pour développer des projets ultramarins s’inscriront dans l’esprit de cette déclaration.

Michel Magras
Sénateur de Saint-barthélemy
Président de la Délégation sénatoriale aux outre-mer